Comment entreprendre, lorsqu’on est une fille de 18 à 25 ans issue des Quartiers Prioritaires de la Ville de Paris ?
Depuis 2017, WILLA s’engage aux côtés de la Mission Locale de Paris pour sensibiliser les jeunes femmes de 18 à 25 ans à l’entrepreneuriat dans les quartiers prioritaires de la ville. L’objectif : sensibiliser ces jeunes aux opportunités que peut leur offrir la voix de l’entrepreneuriat, tant sur le plan professionnel que personnel.
Rencontre avec Juliette, 24 ans, chargée de la coordination du programme WILLA BOOST en partenariat avec la Mission Locale de Paris de cette année. Elle est la “cheffe d’orchestre” du programme, celle qui accompagne les filles de la promotion et s’assure de la bonne conduite du programme.
Quel est l’objectif du programme ?
Juliette : L’objectif, c’est d’aider les filles à prendre conscience de leurs compétences et à les valoriser. Avec les expert.e.s et les intervenant.e.s, on essaye de transmettre les clés de l’entrepreneuriat à ces jeunes filles pour leur donner la possibilité d’entreprendre : dans l’innovation oui mais aussi dans leurs vies en générale. Elles apprennent des méthodes de gestion de projet, d’organisation, de communication qui pourront leur servir pour tous les aspects de leur vie.
Le programme se concentre principalement sur la confiance en soi, la posture en tant qu’entrepreneure, on aide les filles à dépasser les freins, lever des blocages pour qu’elles identifient leurs forces et leurs faiblesses et elles apprennent à capitaliser ces forces.
Pour 70% d’entre elles, il y a un réel besoin d’avoir un avis extérieur sur leur projet. WILLA BOOST avec la Mission Locale de Paris c’est aussi l’opportunité pour elles de se créer un premier réseau dans l’écosystème avec les autres participantes et avec des expert.e.s thématiques qualifiées.
Est-ce que beaucoup lancent leur entreprise ?
Juliette : Ça dépend vraiment des promotions ! Parfois, il y a beaucoup de lancements en sortie. Sur la dernière promotion, presque 50% des participantes ont lancé leur projet. Après, le Covid a également été une barrière particulière. Dans tous les cas, même si ce n’est pas un lancement immédiat, ça peut être un lancement deux ans, cinq ans, dix ans plus tard. C’est une petite graine qu’on sème, un avant-goût de ce qu’il pourrait les attendre. Dans 10 ans, je pourrai vous dire combien ils ont lancé leur entreprise !
Comment s’est passé le Bootcamp cette année ?
Juliette : Cette année, on a eu une promo très hétérogène. Les projets étaient autant dirigés dans la Tech avec la FinTech, l’artisanat, la restauration. Comme chaque année, on a eu une promo super soudée et qui s’entraide. L’objectif, c’est que ces filles puissent être leur premier réseau, qu’elles puissent s’appuyer les unes sur les autres; et ça se passe très bien, certaines d’entre elles souhaitent continuer au côté de WILLA dans des programmes comme le Start, qui s’adresse à des entreprises un peu plus avancées.
Pourquoi c’est important pour toi de t’investir auprès des 18-25 ans dans ces quartiers prioritaires ?
Juliette : WILLA a vraiment vocation à développer l’entreprenariat pour toutes. Cela passe aussi par la sensibilisation de l’entrepreneuriat à des publics qui seraient plus éloignés de ces sujets.
Les 18-25 ans ont beaucoup de difficultés à trouver un emploi dans le secteur qui les intéresse, d’autant plus aujourd’hui, alors que l’on fait face à une crise structurelle de l’emploi. De plus en plus d’entre elles vont se diriger vers l’entrepreneuriat, ça me tient à cœur de les accompagner dans cette démarche. Dans les quartiers prioritaires de la ville Paris encore plus, lorsque l’on s’adresse à des jeunes femmes qui ne se retrouvent pas dans les modèles qui sont généralement mis en avant dans le monde de l’innovation : elles ne se sentent pas légitimes d’entreprendre.
C’est là l’objectif de l’association : leur montrer que non, l’entrepreneuriat n’a pas un sexe, un âge, une couleur de peau et surtout, une parcours ou de formation type. En portant le programme de WILLA et de la Mission Locale de Paris, je peux les accompagner et leur montrer que les femmes qui entreprennent existent, leur présenter de nouveaux rôles modèles, déconstruire les idées qu’elles se font d’un entrepreneuriat peu inclusif, pour qu’elles deviennent à leur tour les modèles des personnes qui ont la volonté d’entreprendre.