L’IA, un atout pour l’égalité
L’IA,
un atout pour l’égalité
Sommaire
- Petit rappel sur l’IA
- L’intelligence artificielle est-elle sexiste ?
- L’intelligence artificielle, une place à prendre pour les femmes
L’info à retenir
L’IA n’est pas neutre : conçue majoritairement par des hommes blancs du numérique, elle reproduit leurs biais. Résultat ? Des stéréotypes de genre dans les algorithmes, une invisibilisation des femmes et une menace accrue sur leurs emplois. Pour une IA plus juste, il faut plus de diversité dans les équipes, une orientation inclusive dès le lycée et des mesures contre le sexisme dans le numérique
Petit Rappel sur l’IA
Selon le Parlement européen, l’intelligence artificielle “représente tout outil utilisé par une machine afin de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité”.
Pour y parvenir, deux concepts sont utilisés : le machine learning et le deep learning.
- Le machine learning, ou apprentissage automatique, consiste à enseigner aux ordinateurs à apprendre de la même manière que l’humain, grâce à l’interprétation des données.
- Le deep learning, ou apprentissage profond, va plus loin que le machine learning. L’objectif est de passer outre l’intervention humaine dans le processus d’apprentissage de l’IA, en se basant uniquement sur les données afin qu’elle développe ses compétences.
L’IA est en train de se déployer à une vitesse folle dans toutes les sphères de notre vie privée et professionnelle. Vous avez déjà parlé à Alexa ou Siri ? Vous avez déjà eu des suggestions sur Netflix ou Instagram ? Et bien cela est possible grâce à l’IA.
D’un point de vue professionnel, l’IA est une source d’innovation en matière de production. Elle peut ainsi vous aider à simplifier des tâches, analyser et exploiter des données, améliorer votre service clients…
Tout ça c’est bien beau, mais il y a un petit hic…
L’intelligence artificielle est-elle sexiste ?
Les femmes ne représentent que 22 % des personnes travaillant dans l’intelligence artificielle au niveau mondial, selon les chiffres du Forum économique mondial. Mais qui donc nourrit l’IA ? Avec quelles données développe-t-elle ses algorithmes ?
Et bien vous l’aurez deviné, l’IA est majoritairement nourrie par des hommes blancs ayant de prestigieuses carrières dans le numérique. Ils y infusent donc leurs idées et leurs biais conscients et inconscients pendant la conception. On a tendance à encore sous-estimer le poids de l’humain dans ces outils. Mais une étude de l’UNESCO de mars 2024, met en lumière la présence de biais de genre dans les grands modèles de langage utilisés par l’IA.
Exemple tout simple d’un algorithme conçu pour le recrutement dans une entreprise. Si historiquement au sein de cette société les femmes occupent des postes moins importants que les hommes et qu’aucune correction n’est apportée, l’algorithme va reproduire ce déséquilibre. Les femmes se retrouveront alors désavantagées.
Dans cette étude, il est mis en avant que les mots féminins étaient associés aux termes « maison », « famille » et « enfant », alors que les mots masculins, sont eux associés aux termes « business », « carrière », « salaire » et « executive ».
Le mouvement #JamaisSansElles dans sa campagne L’intelligence artificielle entretient des stéréotypes bien réels pose une question essentielle :comment les femmes échapperont-elles aux stéréotypes les associant trop souvent à des métiers dévalorisés socialement et économiquement, si les IA les y cantonnent et les invisibilisent dans les postes de pouvoir ? Ou si elles en proposent des représentations hypersexualisées ?
L’intelligence artificielle, une place à prendre pour les femmes
Pour éviter que l’IA reproduise les biais présents dans notre société, des chercheur.se.s préconisent la mise en place de mesures antidiscriminatoires dès le début du développement de l’algorithme. Mais il faut aussi plus de diversité dans les équipes !
Pour cela, il faut que les femmes puissent s’orienter vers des carrières dans les métiers du numérique. Selon les chiffres du Gender Scan, seulement 7% des adolescentes déclarent avoir envie de s’orienter vers le numérique contre 29% des garçons. Chiffre alarmant d’autant plus qu’un rapport de McKinsey met également en évidence une autre réalité : la vulnérabilité des femmes dans le monde du travail face à l’arrivée de l’IA. Huit femmes sur dix aux États-Unis occupent des emplois exposés de manière significative à l’automatisation par l’IA, contre six hommes sur dix. En effet, les métiers comme la comptabilité, le secrétariat de direction, la traduction… sont des métiers occupés à 70% par des femmes. Or ils sont en première ligne des transformations à venir.
Mais pour leur permettre d’accéder à ces carrières dans un milieu résolument masculin, des mesures doivent être mises en place. Le Pacte pour une Intelligence Artificielle plus égalitaire en propose certaines comme :
- Former les conseiller.e.s d’orientation à l’IA et aux biais de genre
- Inciter plus de filles à choisir la spécialité « Numérique et Sciences Informatiques » au lycée et à poursuivre des études dans les filières de l’informatique et des mathématiques
- Lutter contre le sexisme ordinaire et le harcèlement dans l’univers du numérique
- Viser en 3 ans 50% de femmes dans tous les lieux stratégiques du développement de l’IA en insistant sur la transdisciplinarité
Le Réseau des femmes pour une IA éthique de l’UNESCO a lui pour vocation de renforcer la participation des femmes en promouvant la collaboration, le partage des connaissances et l’échange d’expériences. Car c’est en ayant davantage de rôles modèles que des vocations seront suscitées.