L’égalité professionnelle à l’épreuve du climat

L’égalité professionnelle

à l’épreuve du climat

Sommaire

  1. Climat et genre : un même combat ?
  2. Une transition écologique… sans les femmes ?
  3. Vers une transition inclusive : les pistes d’action

L’info à retenir

Climat et inégalités sont intimement liés : les femmes, plus exposées à la précarité, aux tâches domestiques et à des emplois peu rémunérés, subissent plus fortement les effets du dérèglement climatique. Pourtant, elles restent largement absentes des décisions et des secteurs clés de la transition écologique.

Climat et genre : un même combat ?

Quand on parle de climat, on pense souvent à la fonte des glaces, aux forêts en feu ou aux catastrophes naturelles. Mais on oublie trop souvent que le dérèglement climatique a aussi des conséquences sociales et économiques, y compris dans les pays développés. Et ces conséquences ne touchent pas tout le monde de la même manière.

Les femmes, en particulier, sont plus exposées aux effets du changement climatique. Pourquoi ? Parce qu’elles sont majoritaires parmi les personnes en situation de précarité à l’échelle mondiale, occupent des emplois moins rémunérés, assument la majorité des tâches domestiques et dépendent souvent davantage des ressources naturelles menacées.

En France, une famille sur quatre est monoparentale et dans 82 % des cas, c’est une femme qui en assure la charge. Une réalité qui les expose directement aux hausses des prix de l’énergie, aux canicules, aux logements mal isolés ou encore aux mobilités contraintes.

À l’échelle mondiale, les inégalités sont encore plus criantes : lors de catastrophes climatiques extrêmes, les femmes et les enfants ont 14 fois plus de risques de mourir que les hommes, en raison d’un accès limité à l’information, d’une mobilité restreinte, de moins de ressources financières, et d’une moindre capacité à peser dans les décisions de crise.

Et la tendance s’aggrave. Selon le rapport Gros plan sur l’égalité des sexes 2024, jusqu’à 158 millions de femmes et de filles supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d’ici 2050, en raison du changement climatique.

Et pourtant, les femmes restent absentes des sphères de pouvoir et de décision dans les politiques climatiques, qu’il s’agisse des COP, des entreprises du secteur de l’énergie, ou même des projets d’aménagement locaux. Un paradoxe, quand on sait à quel point elles sont concernées…

Une transition écologique… sans les femmes ?

La transition écologique est souvent présentée comme une opportunité de transformer nos modèles économiques, nos industries, nos façons de produire et de consommer. Elle fait émerger de nouveaux secteurs d’activité, de nouveaux métiers, de nouvelles solutions.

Mais une question essentielle demeure : qui façonne cette transition ? Qui y participe ? Et à quelles conditions ?

Aujourd’hui, les femmes sont largement sous-représentées dans les secteurs dits “verts”, qu’il s’agisse de l’énergie renouvelable, de la rénovation thermique, de la tech environnementale, des mobilités douces ou de l’ingénierie écologique.

En France en 2022, les hommes sont nettement plus représentés dans les métiers verts (78 % d’hommes, contre 22 % de femmes).

Et les causes sont multiples :

  • Une orientation scolaire et professionnelle très genrée, qui éloigne les jeunes filles des filières scientifiques, techniques et industrielles.
  • Des freins à la reconversion pour les femmes précaires ou à temps partiel, souvent éloignées des formations aux nouveaux métiers de la transition.
  • Un manque de modèles féminins visibles dans les filières vertes.
  • Et plus globalement, une vision du progrès technologique encore pensée par et pour une majorité d’hommes.

Vers une transition inclusive : les pistes d’action

Pour que la transition écologique soit juste, elle ne peut se faire sans les femmes.

Les défis environnementaux sont profondément liés aux inégalités sociales et économiques. Une réponse durable passe donc par une transition plus inclusive.

Concrètement, cela suppose de :

  • Favoriser l’accès des femmes aux métiers de la transition : il est urgent de rendre accessibles à toutes les filières scientifiques, techniques et environnementales. Cela passe par une orientation scolaire moins stéréotypée, mais aussi par la revalorisation des formations professionnelles et la mise en lumière de rôles modèles féminins dans les secteurs stratégiques de la transition.
  • Intégrer l’égalité femmes-hommes dans les politiques publiques environnementales : chaque stratégie climatique devrait inclure des indicateurs de genre, une représentation équitable dans les instances de décision, et des mécanismes d’évaluation de l’impact différencié des mesures prises.
  • Soutenir l’entrepreneuriat à impact porté par des femmes : de nombreuses femmes créent aujourd’hui des entreprises engagées dans la transition. Pour leur permettre de passer à l’échelle, il faut faciliter leur accès aux financements, adapter les dispositifs d’accompagnement, et intégrer les enjeux de genre dans les politiques de soutien à l’innovation et à l’économie verte.