Charge mentale : un poids invisible… mais pas une fatalité
Charge mentale :
un poids invisible… mais pas une fatalité
Sommaire
- Le constat : un déséquilibre qui persiste
- Et si on changeait de regard ?
- Bien entamer sa rentrée sans (trop de) charge mentale
L’info à retenir
La charge mentale, qui pèse surtout sur les femmes, résulte d’une répartition inégale des tâches domestiques et professionnelles. Problème systémique plutôt qu’individuel, elle peut être allégée par une meilleure répartition des responsabilités, des initiatives collectives et des politiques publiques équitables.
Le constat : un déséquilibre qui persiste
La charge mentale, ce n’est pas seulement “penser à tout”. Selon le Centre Ministériel de valorisation des ressources humaines, la charge mentale peut se définir comme un ensemble des pensées qui saturent le cerveau d’une personne qui se sent investie de devoir organiser, coordonner, gérer et planifier une certain nombre d’actions ou de prestations pour elle, pour ses proches, pour ses collègues et sa hiérarchie, dans la sphère personnelle et professionnelle.
C’est donc devoir organiser, anticiper, planifier pour soi et pour les autres. Ce concept a été popularisé par la dessinatrice Emma en 2017 dans sa BD “Fallait demander”, et malheureusement cache une réalité encore très actuelle.
Hélène Périvier, présidente du Conseil de la famille, rappelle que 70% du travail domestique et familial est réalisé par les femmes. Cela signifie concrètement qu’après leur journée de travail, elles en entament une seconde : gérer les repas, les activités des enfants, l’organisation familiale, les rendez-vous médicaux…
- 68 % des femmes font la cuisine ou le ménagechaque jour, contre 43 % des hommes.
- 36% des hommes déclarent avoir du temps libre contre 30% des femmes.
- Bien que 77 % des femmes se déclarent satisfaites de leur situation professionnelle et 81 % de leur vie personnelle,71 % déclarent ressentir une surcharge importante dans leur quotidien.
- 72 % des fondateur.ice.s d’entreprises qualifient leur état physique et/ou mental de « mauvais », une proportion qui grimpe à 75 % chez les femmes, contre 64 % chez les hommes.
La charge mentale n’est donc pas qu’une affaire de foyer : elle traverse aussi le monde du travail et de l’entrepreneuriat. Beaucoup de femmes managers prennent en charge l’aspect relationnel et émotionnel des équipes, beaucoup d’entrepreneuses jonglent entre la gestion de leur business et la sphère familiale.
Et si on changeait de regard ?
La bonne nouvelle c’est que la charge mentale n’est pas une fatalité individuelle. Elle ne relève pas d’un “manque d’organisation” des femmes, mais d’un système qui distribue inégalement les responsabilités. La question n’est donc pas “comment faire mieux seule ?” mais comment changer collectivement les règles du jeu.
De plus en plus d’initiatives apportent des pistes :
- Dans certaines entreprises, des “no meeting days” permettent de libérer du temps de concentration et de réduire la saturation mentale
- Dans l’entrepreneuriat, on voit émerger des groupes de co-développement où des femmes partagent leurs outils, mutualisent des fonctions support (administratif, communication, babysitting partagé…) et allègent ainsi leur quotidien.
- Côté sociétal, les nouveaux congés parentaux partagés dans certains pays comme ceux Nordiques ou l’Espagne, montrent que la redistribution est possible, à condition qu’elle soit soutenue par des politiques publiques ambitieuses
La charge mentale devient alors un sujet politique, managérial et collectif, et non plus seulement un “problème privé”.
Bien entamer sa rentrée sans (trop de) charge mentale
La rentrée, c’est souvent un moment de surcharge : reprise du travail, inscriptions scolaires, projets à relancer, agendas qui se remplissent et très vite, la charge mentale s’invite. Mais il est possible de poser des bases plus sereines pour les mois qui viennent.
Voici quelques pistes simples mais efficaces :
- Faire le tri avant de repartir à 200 % : lister les projets vraiment prioritaires (pro, perso) et accepter que tout ne se fasse pas en septembre.
- Partager dès le départ les responsabilités : en famille comme au travail, se poser ensemble pour répartir clairement les tâches. Éviter le fameux “je te demanderai si j’ai besoin d’aide” et poser plutôt la question : qui prend quoi ?
- Se donner des marges : planifier volontairement des créneaux “vides” dans son agenda pour absorber les imprévus et éviter la saturation.
- S’autoriser la simplicité : repas rapides, activités allégées, solutions imparfaites mais qui font gagner du temps et de l’énergie.
- S’appuyer sur le collectif : qu’il s’agisse d’un réseau pro, d’un groupe d’amies entrepreneuses, ou même de voisin.e.s pour du babysitting partagé, la rentrée peut aussi être le moment de tisser des solidarités.La rentrée n’a pas besoin d’être une course. Avec un peu d’anticipation et beaucoup de partage, elle peut devenir au contraire un moment d’élan et de clarté.