Le “gender gap” dans l’entrepreneuriat 

De la décision d’entreprendre à la vision :
Une étude qui montre ce qui différencie les femmes des hommes entrepreuneurs

Découvrez l’étude ICI dans sa globalité. 

Dans une étude inédite, WILLA, Roland Berger et France Digitale dressent le portrait-robot de l’entrepreneuse innovante en France

 

  • 44% des femmes se lancent dans l’entrepreneuriat en attendant d’avoir 10 ans d’expérience, quand seuls 25% des hommes sont dans ce cas ;
  • Les femmes n’envisagent pas l’entrepreneuriat comme un choix initial de carrière : 28% d’entre elles franchissent le cap suite à une démission, un licenciement ou une rupture conventionnelle
  • 56% des femmes qui entreprennent se lancent dans un secteur à impact ;
  • La rentabilité est le critère de réussite le plus important pour les femmes (77%)
  • 65% des femmes se lancent avec un revenu annuel inférieur à 60 000 euros contre 45% pour les hommes ;
  • Seules 17% des femmes plébiscitent les levées de fonds, contre 40% des hommes

 

Dans l’étude Le gender gap dans l’entrepreneuriat, WILLA, Roland Berger et France Digitale dressent le portrait des femmes qui ont osé entreprendre dans l’innovation en France. Alors que tous les chiffres indiquent que leur présence dans l’écosystème entrepreneurial innovant est encore trop faible, qu’en est-il des données sur les femmes entrepreneuses qui ont franchi le pas ?

 

D’après les résultats d’une enquête en ligne menée auprès de plus de 500 entrepreneuses et entrepreneurs français, complétés par une série d’entretiens qualitatifs, cette analyse révèle les spécificités de parcours, de vision des entrepreneuses. À la clé : des recommandations pour améliorer leurs chances de réussir mais aussi pour rendre les parcours entrepreneuriaux plus paritaires et inclusifs.

 

Les femmes ne perçoivent pas l’entrepreneuriat comme un choix de carrière initial : elles se lancent plus tardivement, le plus souvent en réaction à un élément extérieur.

 

Le syndrome de l’imposteur et le poids de la parentalité sont encore très présents chez les femmes. Près d’une femme sur deux attend d’avoir 10 ans d’expérience pour entreprendre, alors qu’à ce stade, trois hommes sur quatre se sont déjà lancés. Et lorsqu’elles le font, c’est le plus souvent en réaction à un élément déclencheur : les ruptures professionnelles, à l’image des démissions, poussent 28% des femmes à entreprendre. Cela s’explique en partie par une conception différente de l’entrepreneuriat : les hommes manifestent une vocation entrepreneuriale comme moteur principal dans leur décision de se lancer, alors qu’aucune femme ne le perçoit ainsi.

 

L’impact, principal moteur des entrepreneuses qui privilégient une croissance raisonnée de leur entreprise

 

Seules 6% des femmes déclarent entreprendre dans le but premier de gagner de l’argent, lorsqu’un quart des hommes l’affirment. L’étude révèle une quête de sens plus importante chez les femmes qui entreprennent : 56% d’entre elles choisissent de se lancer dans un secteur dit “à impact”, contre seulement 19% des hommes. À cette répartition s’ajoute une différence majeure dans les critères de réussite poursuivis par chacun : les femmes placent la rentabilité comme une priorité majeure, lorsque les hommes privilégient l’acquisition du leadership dans leur secteur. Cette quête de rentabilité illustre une volonté plus marquée des femmes de garder le contrôle sur leur entreprise, de lui assurer une viabilité économique sur le long terme.

 

Les femmes ne considèrent pas la levée de fonds comme l’alpha et l’oméga de la réussite des entreprises.

 

La poursuite de la rentabilité a une grande influence sur les moyens de financement choisis par les entrepreneuses. Alors qu’ils décrivent les mêmes difficultés d’accès aux financements, femmes et hommes utilisent les mêmes types de financement, dans les mêmes proportions, à l’exception d’un seul : les hommes recourent plus de deux fois plus aux levées de fonds que les femmes (40% vs 17%). Si elles subissent des inégalités d’accès aux levées de fonds, les femmes ne manifestent pas l’envie de recourir à tout prix à ce financement, craignant de perdre le contrôle de leur entreprise et d’être contraintes de renier leurs valeurs. C’est pourquoi, elles misent davantage sur des solutions comme le crowdfunding, leur garantissant de garder la main sur le développement de leur startup.

 

Favoriser l’entrepreneuriat féminin en France : une course de fond

 

Les femmes sont nombreuses à estimer qu’un meilleur accompagnement est souhaitable. Il est important que les structures d’accompagnement forment les différents publics qu’elles adressent, leurs équipes, les entrepreneurs, les experts, aux biais de genre et à la nécessité de développer des structures plus diverses. Aller chercher des publics parfois éloignés de l’entrepreneuriat fait aussi partie de leur mission pour créer de nouveaux modèles et déclencher des vocations. Quant à l’écosystème de financement, il est urgent de prendre conscience des biais pour s’ouvrir davantage aux projets portés par des femmes. Cela peut passer par la création de fonds spécifiques, y compris à l’initiative des institutions publiques, pour financer des projets plus divers.

 

« Construire un écosystème entrepreneurial plus paritaire nécessite une compréhension profonde des défis spécifiques auxquels font face les entrepreneuses. Cette étude permet de mettre des chiffres sur des intuitions, de définir un profil-type et donc un accompagnement spécifique qui nous permettra, en tant que structure d’accompagnement, de mettre davantage de femmes sur la ligne de départ. » – Marie Georges, Présidente de WILLA

 

« Cette étude marque une étape importante vers l’égalité réelle dans l’entrepreneuriat. Nous manquions d’informations sur les femmes entrepreneuses : toutes les études analysaient jusqu’ici l’écosystème dans son ensemble, qu’on sait composé de 90% d’hommes. Avec WILLA et France Digitale, nous avons cette fois souhaité mettre la lumière sur les 10% restants, ces femmes qui ont osé se lancer. En mettant des chiffres sur les facteurs du gender-gap, nous espérons tracer la voie vers un avenir où l’entrepreneuriat féminin dans l’innovation ne sera plus une exception” Laurent Benarousse, Managing Partner France de Roland Berger

 

« Le constat n’est pas nouveau : les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes approches ni des chances égales en matière d’entrepreneuriat en France. Cette étude nous permet ainsi de faire la lumière sur leurs parcours-types et les leviers principaux qui poussent les femmes à lancer leur entreprise. Chez France Digitale, nous sommes convaincus que c’est en allant pro-activement à la rencontre de femmes porteuses de projets, et en partageant largement les bonnes pratiques et l’expérience de celles qui ont déjà entrepris que nous continuerons à susciter des vocations pour arriver à un écosystème plus paritaire. C’est pour cela que nous organisons aussi le 5 mars prochain, notamment en partenariat avec WILLA, une étape de notre FDTour dédiée aux femmes entrepreneurs. »Maya Noël, directrice de France Digitale

Découvrez l’étude ICI dans sa globalité.