Les femmes, actrices invisibles du numérique
Les femmes,
actrices invisibles du numérique
Le code, une histoire de femmes avant-gardistes
Impossible de ne pas connaître Ada Lovelace. Alors que les femmes de la noblesse anglaise du 19ème siècle n’étudiaient pas les sciences et les mathématiques, Ada Lovelace a écrit les premières suites de calculs destinées à être réalisées par une machine. Elle est ainsi considérée comme la première programmeuse de l’Histoire et un langage informatique a été nommé “ADA” en son honneur.
Lorsque le premier homme a marché sur la Lune, on ne parlait que de Neil Armstrong. Mais derrière le succès de la mission Apollo 13 en 1970, il y avait une femme, Margaret Hamilton. Grâce à son code, elle a pu anticiper certaines pannes des composants électroniques et ainsi assurer la faisabilité de la mission.
Jusqu’aux années 1970, les femmes ont été massivement embauchées comme codeuses et dans les emplois du numérique.
Trois facteurs l’expliquent :
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- Le code était une discipline émergente, qui ne nécessitait pas de diplôme, ce qui a permis aux femmes de postuler massivement.
- Les autres métiers étant extrêmement sexistes, les femmes ayant des diplômes et n’arrivant pas à se faire embaucher se tournaient vers le numérique.
- Le numérique se développa tellement rapidement qu’il y a eu un besoin massif de main d’oeuvre pour utiliser les machines. On fit donc appel à une main d’oeuvre bon marché, les femmes.
Puis avec l’explosion de l’informatique dans les années 1990, les hommes s’y sont intéressés et les femmes ont progressivement été évincées de ce domaine. La culture geek a commencé à se dessiner, excluante et sexiste. Une grande partie des femmes à l’origine d’innovations et de découvertes majeures ont été victimes de l’effet Matilda, c’est-à-dire que les hommes se sont appropriés les mérites de leur travail.
Le numérique, un ennemi pour les femmes
En 2022, en France, les femmes n’occupaient plus que 30% des emplois dans le numérique. Et 15 % des femmes ont déjà redouté voire renoncé à s’orienter dans les filières, métiers scientifiques ou toute autre secteur majoritairement composé d’hommes.
Ca n’est pas mieux du côté des lycéennes. Seules 43% d’entre elles pensent avoir le niveau pour suivre une école d’informatique contre 78% des garçons avec une moyenne similaire. Sur les 33 985 candidat.e.s admis.e.s dans les filières conduisant aux métiers du numérique, 7 333 sont des femmes soit 22%. Les entreprises du numérique et de l’ingénierie attestent donc d’une pénurie de candidates alors que ce sont des secteurs d’avenir, regorgeant d’opportunités professionnelles et économiquement dynamiques.
Et si on fait un tour du côté des réseaux sociaux, on prend encore plus peur. Début novembre, le Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes a sorti pour la première fois un rapport sur la place des femmes dans les métiers du numérique et l’image qui est véhiculée par les contenus. Et voici la conclusion majeure : on vit dans un monde fait par et pour les hommes. C’est ainsi que l’on peut résumer “le secteur numérique qui a tendance à invisibiliser, caricaturer, agresser et exclure les femmes”.
Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans l’accélération du sexisme en reproduisant des stéréotypes et en diffusant des scènes de violence physique ou symbolique. Si depuis son lancement Instagram est considéré davantage comme un réseau “féminin”, 68% des contenus postés propagent des stéréotypes de genre, 27% contiennent des propos à caractère sexuel et 22% des propos à caractère sexiste. Sur Youtube, seulement 8% des vidéos sont faites par des femmes.
Un exemple criant qui montre le sexisme présent sur les réseaux, l’accident de Manon Lanza au GP Explorer 2, organisé par le Youtubeur Squeezie. La Youtubeuse est rentré dans la voiture d’un autre participant. Suite à ça, elle a connu une vague de haine et harcèlement en ligne avec des messages comme « Femme au volant, mort au tournant », « Retourne dans ta cuisine ». Et le plus grave dans tout ça c’est le manque de soutien de l’organisation et les réactions tardives de ses collègues. Squeezie a mis trois jours avant de réagir.
Des mesures pour y remédier
Heureusement, de nombreux acteurs proposent des solutions pour y remédier.
Dans son rapport, le Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes propose toutes une liste de recommandations. Les réseaux sociaux pourraient être soumis, comme la télévision et la radio, à un rapport de l’Arcom, avec des obligations à atteindre. Pour ce qui est d’attirer les femmes vers les carrières scientifiques et les métiers du numérique, il suggère notamment de former les enseignant.e.s aux enjeux d’égalité femmes-hommes et d’introduire une nouvelle pédagogie dans l’enseignement des mathématiques et du numérique. Mais aussi de mettre en place des aides financières pour les femmes qui veulent se reconvertir dans le numérique et les entreprises qui recrutent.
Justement, des entreprises, comme Simplon, s’engagent pour accélérer cette parité dans la tech. Sa mission : donner envie aux femmes d’évoluer dans la tech et déconstruire les stéréotypes de genre. En 2021, Simplon a formé via son réseau 4980 femmes.
Il faudrait également plus de rôles modèles, donner envie aux jeunes filles de devenir des scientifiques reconnues ou des personnes influentes de la tech. Quand on demande des scientifiques connus, plein de noms nous viennent spontanément à l’esprit comme Einstein, Pasteur, Hawking… Mais la seule femme citée est bien souvent Marie Curie. Il faut que cela change !
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