BIG : La Tech à la conquête d’une relance inclusive

BIG : La Tech à la conquête
d’une relance inclusive

marie georges

Entrepreneur.e.s, créateur.rice.s, startupper.euses.s, grands groupes, étudiant.e.s, chercheur.se.s se sont réunis hier pour une 7ème édition du BPIFrance Innovation Génération avec un objectif commun : partir à la conquête de la relance ! 

« On conquiert pour rester, habiter, s’établir, pas pour rançonner et repartir. On ne conquiert jamais seul.e. Quand on a conquis, on a changé. » – Nicolas DUFOURCQ, Directeur général de Bpifrance. 


Une édition 2021 sous le signe de la relance d’une économie durable 

 

Si la crise sanitaire du covid a eu des conséquences désastreuses sur l’économie, elle a aussi marqué un tournant dans la nécessité de construire une économie plus circulaire et durable. Elle a aussi offert une pause à notre planète en matière de (sur)exploitation de ses ressources. La forte baisse des déplacements dans le monde a permis à de nombreuses régions d’enregistrer une chute vertigineuse de la pollution de l’air. Les difficultés d’approvisionnement grandissantes ont mené à une prise de conscience mondiale et une consommation de plus en plus locale. Un bouleversement de nos modes de consommation qui marque un tournant dans l’économie globale… et dans l’innovation !  

Un an après l’annonce du plan climat de 40 Md€ commun avec la Banque des Territoires, BPI France place cette nouvelle édition du BIG sous le signe du Climat et crée un espace dédié, au cœur de la place du village, aux entrepreneur.e.s engagé.e.s en faveur de la transition écologique et énergétique. 

 

La mixité comme levier de performance à impact

 

Si la mesure des inégalités est encore une science approximative, la mixité est quant à elle mesurable. Encore aujourd’hui, seulement 1 CEO sur 10 est une femme dans le monde de la Tech (Baromètre France digitale). Moins de 20% des salarié.e.s sont des femmes dans le secteur des technologies (selon l’étude « Emploi IT et nouveaux enjeux de recrutement »). 11% des diplômé.e.s d’école d’informatique sont des femmes (selon l’étude Effet de genre : le paradoxe des études d’informatique). Ces chiffres sont alarmants, il est urgent de comprendre les enjeux de la mixité dans la Tech et d’apprendre à inclure un public plus large dans les équipes qui construisent les algorithmes, les techs et le monde. 

L’airbag, les valves cardiaques, les apple watch sont autant d’exemples concrets de dispositifs designés par des hommes qui ont prouvé que le manque de diversité a un impact significatif sur la santé et la place des femmes dans la société. Quelles sont les solutions concrètes pour réduire les inégalités en matière d’égalité entre les hommes et les femmes dans la Tech ?

Marie Georges, Présidente de Willa, donne la parole à : 

  • Grégoire Casoetto, co-fondateur de Farmitoo, une plateforme de vente en ligne en circuit court d’équipements agricoles ;
  • Aline Cerf, co-fondatrice de Smartcatch, une solution de microfiltration du sang pour capturer les cellules tumorales circulantes, qui contiennent des informations primordiales pour le diagnostic des cancers et les thérapies ciblées ;
  • Pierre Burgy, co-fondateur de Strapi, une solution open-source permettant de développer des APIs personnalisables simplement et rapidement ;
  • Souad Boutegrabet, fondatrice de l’Ecole Descodeuses, une école gratuite pour former des femmes issues de quartiers populaires aux métiers du numérique. 

 

Un état des lieux et leurs partages d’expérience nous donnent quelques clés et bonnes pratiques à mettre en place pour développer la mixité dans son entreprise. 

 

Susciter, accompagner, former : il faut agir.  

 

1. Créer des environnements plus inclusifs 


La mixité est un enjeu majeur dont doivent se saisir les instances de formation et d’éducation. Souad Boutegrabet, fondatrice
Descodeuses soulève la forte demande des femmes d’accéder à des formations exclusivement féminines et adaptées à leur problématiques : celles qui n’osent pas postuler dans des écoles et promotions mixtes. L’école Descodeuses reçoit bien plus de candidatures que de places disponibles en formation chaque année. Un manque de communication, de financement, ou encore un problème d’identification… Les biais sont réels et ont des répercussions sur la part des femmes dans les entreprises Tech. Très peu de femmes osent postuler et très peu d’entreprises communiquent auprès des femmes. Peu d’entreprises ont une idée des chiffres et des problématiques. Pourtant, la parité existe, les femmes ont la volonté. La société doit simplement leur montrer qu’elles sont légitimes à prendre leur place à ces postes.

 

“Il faut créer une sorte de flexibilité au niveau social pour adapter le monde du travail aux difficultés rencontrées par les femmes, et leur permettre un accès plus simple à des postes à responsabilité.” – Aline Cerf, CEO Smartcatch 

 

Il est de la responsabilité des entreprises d’éduquer leurs équipes en interne pour bousculer des biais profonds. Pierre Burgy appelle notamment à “inciter les hommes à prendre leur congé paternité, pour que ce facteur ne soit plus discriminatoire à l’embauche, on envisagerait l’évolution de carrière sous un prisme totalement différent.”

Pour Souad Boutegrabet, l’écriture inclusive est un outil indispensable pour garantir la diversité au moment du recrutement. Pierre Burgy de Strapi.io précise qu’il faut “aller encore plus loin dans l’attitude des équipes et des candidat.e.s, dans le langage employé au quotidien en entreprise. Il faut éduquer les équipes à adopter un langage plus inclusif.” 

Les entreprises doivent créer des parcours plus inclusifs : contacter autant d’hommes que de femmes à compétences égales, pour limiter les possibles discriminations à l’embauche. En pleine conscience des biais algorithmiques des dispositifs de recrutement, rédiger des offres de postes utilisant un langage inclusif. Aline Cerf, fondatrice de Smartcatch, souligne également le lien étroit entre la diversité culturelle et la mixité. La diversité au sein des équipes attire des profils plus divers et joue en faveur d’une tech plus inclusive.

 

2. Des mesures drastiques pour faire bouger les lignes 


Comme le montre le succès de la
loi Copé-Zimmerman, la mise en place de mesures drastiques telles que les quotas ou le label diversité impulsé par Élisabeth Moreno, sont indispensables pour faire bouger les choses.  


“Nous aimerions tou.te.s que le principe de mixité soit naturel, mais il ne l’est pas. C’est ça, créer un environnement inclusif et donner leur place aux femmes dans l’écosystème. » –
Grégoire Casoetto, cofondateur Farmitoo

 

Les réglementations sont la seule solution pour faire disparaître le principe social même de la normalité, qui crée le principe excluant de diversité. On “DOIT faire de la discrimination positive” et “il ne FAUT PAS responsabiliser l’individu. Si les entreprises VEULENT recruter des femmes, on donne leurs chances à une part de la population très restreinte. Accepter la discrimination positive des minorités, c’est prendre part à cette parité”, martèle Souad Boutegrabet. 


Enfin, les hommes doivent prendre leur place dans ce combat. “L’entreprise peut faire beaucoup, mais l’enjeux sociétal est plus grand. En tant qu’hommes, prendre la parole sur la parité est extrêmement important pour faire bouger les choses.” Grégoire Casoetto et Pierre Burgy ont tous deux souligné l’importance pour eux d’être invités dans ces discussions et de s’adresser à une audience autant féminine, que masculine. 

La “conquête” de Nicolas Dufourcq prend tout son sens, lorsqu’elle traduit une ambition commune et collective de changer profondément la Tech, pour répondre aux nouveaux enjeux que représentent la diversité et la mixité. 

“Les solutions existent et sont énoncées. Les déployer autant que possible chacun.e à notre façon : de l’éducation, à la réglementation, au recrutement et à l’accompagnement, et tous ensemble, nous pouvons contribuer à faire bouger les choses.” – Marie Georges, présidente de WILLA.

Pour voir le replay : https://bit.ly/3kU2hxl