Des sujets à la traine…

Sans surprise, la tech fait partie des mauvais élèves en matière d’égalité. En 2023, les femmes n’occupent que 30% des emplois dans le numérique. Et on ne vous l’apprend plus, 10% des startups seulement ont été créées par des femmes en 2022.

Les raisons ? Tout d’abord des stéréotypes de genre intégrés dès le plus jeune âge. Les garçons auront tendance à être encouragés à aimer les maths alors que les filles sont poussées vers des matières plus littéraires ou sociales. En France en 2023, 43% des lycéennes pensent avoir le niveau pour suivre une école d’informatique contre 78% des garçons avec une moyenne similaire. Et elles ne sont plus que 22% à être admises dans les filières numérique et 32% pour l’ingénierie.

A cause de ces chiffres très faibles, la tech est un milieu où le sexisme règne. 46% des femmes travaillant dans le domaine du numérique ont déjà été victimes de comportements sexistes depuis le début de leur carrière. C’est 8 points de plus que dans les autres secteurs.

La conclusion du Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes dans son rapport sur la place des femmes dans les métiers du numérique est la suivante : “le secteur numérique qui a tendance à invisibiliser, caricaturer, agresser et exclure les femmes”.

La culture ne fait pas tellement mieux… En 2023, Greta Gerwig avec son film Barbie a marqué l’histoire cinématographique. Plus gros succès au box-office de l’année et film le plus rentable réalisé par une femme, c’est un véritable carton ! Cependant, si l’on regarde l’industrie, il n’est toujours pas simple pour une femme de se faire une place. La réalisatrice a donc réussi un véritable tour de force.

Selon une étude réalisée par l’université de San Diego, les femmes ne représentent que 16% des cinéastes à la tête des 250 films les plus lucratifs de 2023.

Les femmes médiatisées ne sont pas tellement plus nombreuses. Tous les ans Tagaday réalise un baromètre des personnalités les plus présentes dans les médias. En 2023, sur 1 000 personnalités, on ne compte que 192 femmes soit 19,2%. Ce chiffre est faible mais aussi en baisse puisque l’an passé elles étaient 204. En plus d’être peu médiatisées, lorsque les femmes sont invitées en plateau, leur temps de parole est nettement inférieur à celui des hommes, il stagne à 36%.

Mais malheureusement la tech et la culture ne sont pas des cas isolés. Le sexisme en France est partout. Selon le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, il ne recule pas et aurait tendance au contraire à s’aggraver, les jeunes générations étant les plus touchées. Grâce à des mouvements comme #MeToo, il y a une plus grande sensibilité aux inégalités et aux violences. Mais malgré cela, les biais, les clichés et les situations de sexisme continuent d’être banalisés. Ainsi, 93 % des Français estiment que les femmes et les hommes ne connaissent pas le même traitement dans au moins une des sphères de la société. 80 % des femmes ont déjà eu l’impression d’avoir été moins bien traitées en raison de leur sexe, alors qu’ils ne sont que 37 % des hommes à le penser.

… mais de belles avancées sur lesquelles s’appuyer

Heureusement, tout n’est pas noir et on voit progressivement les lignes bouger.

De nombreux progrès sont faits dans le sport notamment. Les fédérations et comités sportifs s’emparent du sujet de l’égalité femme-homme. Comme mentionné au début de cette newsletter, la Fédération française de handball met en place des actions concrètes pour traiter les joueurs et les joueuses de la même manière. Il est en de même pour la FIFA qui, suite à la Coupe du Monde féminine de football, a décidé d’oeuvrer pour une réduction de l’écart salarial. Les primes des joueuses ont notamment été augmentées de 300% ce qui revient à un montant de 135 millions d’euros.

Un événement majeur sur lequel tout le monde va être concentré en 2024, va lui aussi aider à changer les mentalités et les écarts. En effet, les Jeux Olympiques de 2024 vont pour la première fois atteindre la parité totale en termes d’athlètes, c’est-à-dire qu’il y aura 5250 femmes et 5250 hommes. La natation artistique est désormais ouverte aux hommes. Les femmes représentent 40% des membres du Comité International Olympique.

De belles avancées qui on l’espère seront soutenues par les médias. Depuis quelques années, les grandes chaînes françaises accordent un espace médiatique plus important aux épreuves sportives féminines et les finales femmes des Jeux Olympiques devraient être programmées après celles des hommes à un moment où l’audience est plus forte.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron a fait de l’égalité femme-homme un sujet prioritaire. De nombreuses lois sont ainsi passées, la dernière étant celle du 19 juillet 2023 qui vise à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique.

Un plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027 a également été mis en place. Il vient appuyer la politique volontariste du Président sur ce sujet là et s’articule autour de quatre grands axes :

• La lutte contre les violences faites aux femmes ;
• La santé des femmes ;
• L’égalité professionnelle et économique ;
• La culture de l’égalité.

Autre mesure majeure, le budget de l’État va intégrer l’égalité entre les femmes et les hommes. Gabriel Attal, à l’époque ministre délégué en charge des comptes publics, a en effet validé la proposition des députées Céline Calvez (Renaissance) et Sandrine Josso (Modem) en juillet dernier. Mais qu’est-ce que « la budgétisation intégrant l’égalité » ? Selon les députées, “elle vise à comprendre les effets différenciés des mesures budgétaires sur les femmes et les hommes et sur les inégalités existantes, certains biais de conception inconscients ou constructions historiques ancrées dans les systèmes administratifs et budgétaires pouvant conduire à perpétuer, voire à accentuer, les inégalités”.

De nombreuses mesures qui devraient donc permettre aux femmes d’être davantage considérées à l’égal de l’homme. Affaire à surveiller en 2024 !