L’égalité dans le sport, une course de fond
L’égalité dans le sport,
une course de fond
L’égalité salariale joue les prolongations
“Equal play, equal pay”. Ce slogan, adopté par les footballeuses de l’équipe nationale américaine, a permis d’arriver à un accord aux Etats-Unis pour l’égalité salariale entre les hommes et les femmes en sélection. Mais la question des revenus dans le milieu sportif reste centrale et les sportives sont les premières à s’en emparer.
Les footballeuses sont particulièrement actives sur le sujet. Dès 2015, les joueuses australiennes ont refusé de réaliser une tournée aux Etats-Unis. Les joueuses danoises ont fait grève en 2017. Les internationales américaines ont porté plainte contre leur fédération pour discrimination devant un tribunal de Los Angeles en mai 2019… Mais elles ne sont pas les seules. L’actuelle meilleure joueuse du monde de tennis, la Polonaise Iga Swiatek, demande des dotations égales dans certains tournois de tennis qui ne sont pas encore égalitaires.
Et oui, ces revendications sont nécessaires car on est encore bien loin de l’égalité salariale.
Selon une enquête de l’Equipe en 2019, les footballeuses françaises en première division toucheraient, en moyenne, 12 fois moins que leurs homologues masculins. Dans le milieu du basket on déplore aussi d’importants écarts de salaire : une joueuse française de Ligue Féminine gagnerait environ 3,3 fois moins qu’un basketteur.
Ces inégalités ont une origine socio-historique, les femmes ayant été mises à l’écart des pratiques sportives pendant près d’un demi-siècle pour de nombreuses raisons. Les femmes génèrent donc beaucoup moins de revenus que les hommes dans bien des sports d’où les différences de salaires. Ces dernières années, le foot masculin a généré près de 2 milliards pour les hommes contre 34 millions pour les femmes, soit un rapport de 1 à 50.
Mais les médias jouent également un rôle important dans le maintien de ces inégalités.
Du terrain aux écrans
En effet, selon le rapport de l’ARCOM 2023, les programmes sportifs diffusés à la télé sont ceux qui représentent le moins les femmes : 21 % de présence en plateau et seulement 11 % du temps de parole. Autres chiffres marquants : les hommes s’expriment à 35% au sujet du sport féminin (contre 65% de femmes) mais seuls 9% de femmes prennent la parole sur le sport masculin (contre 91% d’hommes). Et lorsqu’ils s’expriment, ça n’est pas toujours pour faire des remarques pertinentes, à l’image de deux chroniqueurs sportifs, Lorenzo Leonarduzzi et Massimiliano Mazzucchi qui, pendant la diffusion d’une épreuve de plongeon féminin durant les Championnats du monde de natation de juillet, ont fait des commentaires dégradants et inappropriés sur l’aspect physique des plongeuses, en direct sur la chaîne publique nationale.
En accordant une couverture médiatique insuffisante aux compétitions sportives féminines, les médias pérennisent les inégalités. Une plus grande visibilité du sport féminin pourrait inspirer de futures générations à embrasser ce type de carrière, à inciter les fédérations et marques à oeuvrer pour plus d’égalité.
Mais cette visibilité évolue doucement certes, mais considérablement. Les grandes chaînes de télévision françaises accordent désormais davantage de place aux athlètes féminines. En 2022, TF1 diffusait le championnat d’Europe de football féminin.
Depuis 2014, l’opération « Sport féminin toujours » a pour objectif d’inciter les médias à diffuser davantage de retransmissions sportives, de sujets, d’émissions et d’interviews consacrés au sport féminin et aux actrices du milieu sportif à l’antenne.
Les grandes compétitions, tremplins vers plus de droits ?
La Coupe du Monde féminine de football vient juste de se terminer (bravo à l’Espagne !) et à cette occasion, la FIFA a décidé d’oeuvrer pour une réduction de l’écart salarial. Les primes ont ainsi été augmentées de 300% ce qui revient à un montant de 135 millions d’euros. Une très belle avancée même si l’écart reste encore significatif puisque lors de la dernière Coupe du Monde masculine 2022, la FIFA a alloué environ 400 millions d’euros de primes.
Et évidemment, ceux que nous attendons toutes et tous, les Jeux Olympiques de 2024 qui auront lieu en France. L’occasion pour les fédérations de montrer qu’elles entendent leurs athlètes et souhaitent réduire les inégalités.
Dans ce contexte, plusieurs points positifs à noter :
- Pour la première fois, la parité totale sera atteinte en termes d’athlètes, c’est-à-dire qu’il y aura 5250 femmes et 5250 hommes.
- La fédération internationale de natation World Aquatics a annoncé l’ouverture de la natation artistique aux hommes
- Les femmes représentent 40% des membres du Comité International Olympique alors qu’elles n’étaient que 21 % au début de l’agenda olympique 2020.
- Actuellement, seules 1 % des infrastructures sportives portent des noms de femmes. Dans le cadre de Paris 2024, 70 collectivités s’engagent à (re)nommer leurs complexes sportifs avec des noms de personnalités féminines.
- Pour améliorer la médiatisation du sport féminin, des finales femmes seront programmées après celles des hommes à un moment où l’audience est plus forte.
Pour accompagner cette vague positive, des grandes marques comme Lego cherchent également à faire bouger les lignes.
En juin dernier, la célèbre marque lançait sa campagne #PlayUnstoppable où elle met à l’honneur quatre grandes footballeuses. Dans un communiqué de presse, Lego expliquait que cette campagne “vise à défier les stéréotypes autour du jeu et de la construction créative, et à encourager les filles à libérer la liberté dont elles ont besoin pour jouer sans limites”.
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